La natation :

Je suis seul au milieu d’inconnus, l’ambiance commence à monter nous frappons dans nos mains et c’est partie, nous entendons les femmes partir ! Il est 5h53, on nous laisse sortir du parc à vélo et prendre place devant la ligne de départ. Je suis dans les premiers. Jiji m’a dit qu’elle partait pour se positionner, je vais sur la gauche en espérant la voir, mais rien. Pourtant, je suis presque seul détaillant chaque visage, mais pas de Jiji, je suis déçu.

Mais bon, je n’ai seulement que deux personnes devant moi, je suis donc dans les premiers devant la ligne de départ. Je me demande si je suis à ma place car j’ai perdu au niveau natation à cause de ma chute dans le col de l’Izoard. Mais je m’enlève ça de la tête et on verra bien, la journée va être longue et la natation est juste une mise en bouche.

C’est dingue mais j’ai le sourire ! Je ne peux pas m’empêcher de sourire !! C’est un plaisir immense d’être là et de voir ces montagnes se dessiner dans la pénombre. Réaliser que je suis enfin là, présent au même endroit que ces vidéos de résumé des Embrunman de 2015-2016-2017 que j’ai tant regardé.

L’excitation est là ! Les photographes passent devant la ligne. Plusieurs sont dans ma direction et j’espère trouver une photo de cet instant magique après la course.

Je mets la montre sur triathlon, positionne mes lunettes plusieurs fois.

Je suis prêt, on est à 2 min du départ. 2 min de la journée la plus longue de ma vie. 2 min de cet instant que j’ai tant désiré !

Je souris à pleine dent, le coup de feu retentit, je lance le chrono et m’élance derrière les premiers. Je suis tellement euphorique, que je ne sens même pas les cailloux sous mes pieds, ou la fraîcheur de l’eau. Mon corps s’enfonce dans l’eau un peu plus à chaque pas, à ce moment je crois bien que je suis le seul à ne pas pouvoir retenir ma joie, je lance bien fort un « Whouhouuuuuuuu ! ». J’éclate de rire, le plaisir est juste indescriptible. Je suis sur l’épreuve d’Embrunman 2018.

C’est marrant, car c’est comme pour certaines personnes qui ne peuvent pas s’empêcher de crier lors des montagnes russes pour libérer la pression et bah moi c’était pareil à ce moment-là ! J’ai enfin trouvé plus fort comme sensation forte.

Je donne mes premiers coup de bras, je suis bien, je vois deux pointes se former de part et d’autre devant moi. Je ne suis pas dans le gros du paquet, mais bon la première bouée arrive vite, tout se resserre. Je me prends deux trois coups des personnes qui n’arrivent pas à nager droit dans l’obscurité. Et oui il n’y a pas de secret, il faut lever plus souvent la tête lors du départ.

Nous passons la première bouée et 15 mètres à peine après, je me prends un coup de coude dans le nez. Pfffff ça réveille ^^ mais bon c’est Embrun il m’en faut plus. Je dois garder mes distances, je sais que jusqu’à la bouée après le resserrement avec le côté du lac, nous serons proches les un des autres. Je brasse trois fois le temps de regarder autour de moi pour mieux me positionner. Je suis sur la gauche et ça me convient bien.

Je passe le resserrement assez facilement, car je n’ai pas le gros des algues, heureusement que je suis allé nager il y a deux jours pour repérer le tour du lac.

Je me fais percuter encore par un gars venant de ma gauche, respirant uniquement de la droite, je ne contrôle pas grand-chose de ce côté.

Je m’écarte volontairement, passe la bouée et je suis les pieds de mes concurrents, car lors de mon repérage du tour de lac j’ai eu des doutes sur le chemin à prendre.

Ce n’est pas évident depuis le départ, car il faut temporiser entre les concurrents de devant quand ils ralentissent et ceux de derrière qui peuvent conserver une certaine vitesse et te passer sur les jambes. On me l’a fait deux fois depuis le début, donc je tente de temporiser, car je n’aime pas trop me faire agripper les jambes.

Je dois à plusieurs reprises lancer des accélérations pour dépasser des groupes qui ont relâché leur allure. Et oui beaucoup partent sur des vitesses qui ne sont pas les leurs et perdent rapidement jusqu’à 1.5km/h. Il ne faut pas hésiter à les dépasser et donc accélérer pour retrouver un rythme de croisière agréable pour soi.

Lors de la natation et en fonction de la distance, il peut être agréable de trouver quelques personnes qui nagent comme vous. A partir de ce moment ne soyez pas le dindon de la farce en nageant l’intégralité devant !

Le soleil se lève petit à petit, je n’ai pas mouillé l’intérieur de mes lunettes volontairement, j’ai de la buée qui se forme mais rien de grave, sa nage vite, pas trop le temps de regarder le paysage.

Je m’efforce de trouver des pieds pour nager dedans même si je préfère nager seul, je sais que ça m’occupe l’esprit. Depuis le début de la natation, je suis assez détendu, je me concentre cette fois pour allonger mes mouvements et essayer de nager le plus économiquement possible. Nous passons deux bouées et c’est déjà le grand retour vers la ligne de départ.

Je sais que j’ai trouvé cette partie longue quand j’étais seul. Je me concentre donc sur ma nage et libère mon esprit.

Je réalise sur cette ligne droite de plus de 800m que ma respiration s’est de nouveau trouvé un tempo. Lors de mes natations précédentes en eau libre j’ai réalisé que instinctivement je nageais sur un rythme de musique, en me servant de mon souffle comme d’une batterie et dans ma tête je rajoute quelques effets de basse. Sauf que cette fois je peux le faire et penser à autre chose en même temps.

Et je dois dire que nager en musique a le moyen de faire passer le temps et surtout de ne pas perdre le rythme ! Résultat impossible de m’endormir sur un faux rythme, si je diminue je le sais et pareil si je l’augmente.

Nous passons la bouée de fin de ligne droite, plus qu’une bouée et je regarde mon chrono.

A hauteur de la bouée de mi-parcours, je regarde ma montre avec un mouvement de brasse, chrono de 30 min et 56 secs. Je suis bien. Peut-être un peu fort mais ça ne m’inquiète pas, je sais que je peux perdre une à deux minutes sur le deuxième tour pour rester sur mon chrono de 1h05 prévu.

Lors du deuxième tour, nous sommes plus libres dans nos mouvements, je sais depuis le début que je peux regarder moins souvent devant moi car je nage droit.

Je m’étouffe avec l’eau une nouvelle fois, je prends le temps de me calmer, quelques brasses et c’est reparti.

Avant d’arriver sur la dernière bouée au fond du lac, je m’aperçois que les gens nagent dans les pieds sans forcément regarder devant car je vois un virage se former entre les deux bouées. Ni une ni deux, je décide de fixer mon regard sur la bouée à atteindre et de partir tout droit ! Hormis quelques algues, je n’ai pas été dérangé et j’ai pu me poser une question : « Est-ce plus intéressant de nager seul en ligne droite que de suivre un virage dans les pieds de celui de devant ? » Bien sûr que je n’aurai pas la réponse, j’ai forcément dépensé plus d’énergie en étant tout seul qu’en étant dans les pieds, mais à l’inverse j’ai nagé à vitesse constante, en ligne droite, et tranquillement tout seul. Il faut bien que je m’occupe pendant la natation.

D’ailleurs après une accélération pour passer la bouée et me ré-intercaler dans un groupe de nageurs, je sens une barre sur mon front. Je sais que c’est le bonnet qui me sert, cela fait un moment qu’elle est là, mais là, cette pression sur mon crâne est trop forte. Je me mets sur le dos touche mon front mais mon bonnet est bien positionné au-dessus. Mince c’est pas possible, je me mets en position de brasse et réalise que ce sont surement mes lunettes. Bingo la pression sur l’œil droit est trop forte, je la retire et là c’est le paradis, je renais et respire enfin. Je remets simplement mon bloc droit sans forcer et recommence à nager.

Mais bon, ces lunettes neuves n’ont été mises que 3 fois avant la course et ne sont donc pas parfaitement réglées. Je vais en payer un peu le prix car je vais à la suite m’arrêter encore 3 fois pour relâcher la pression que j’ai au crâne. Cette barre ne me quittera plus. Surement parce que j’ai trop attendu avant de les replacer.

Lors de la ligne droite j’ai regardé mon chrono et vu 49 min, je me dis à cette instant que charlotte Morel sort de l’eau avec ce temps, c’est dingue. Mais j’ai une ligne de 1km à faire.

Je finis par dépasser la dernière bouée et ce sont les derniers 180 mètres !

Je vais voir ma Jiji ! ☺

C’est partie, je recommence à mettre mes pieds en route !

Un gars sur ma gauche me rentre dedans, car il ne nage pas droit. J’ai l’impression d’être une fois de plus le guide lors de la natation, « Excusez-moi messieurs mais c’est par là » ^^

Je finis par atteindre la berge, 1h04min. Je suis content après ma chute dans le col de l’Izoard de nager comme ça. J’ai des encouragements ça fait plaisir, même si je n’ai pas eu le temps de voir qui c’était.


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Voici les différents articles concernant mon premier longue distance Embrunman :

Voici la belle vidéo de l’Embrunman 2018 en cliquant ici.